Le Cheval Bleu
Magazine Internet du Cheval de Sang
Sommaire Equus-Les Chevaux Etalons

Palmarès Prix d'Amérique

 

Monsieur le Président


Dominique de BELLLAIGUE le dit lui même : "Je représente la 5ème génération dans le Trot du côté maternel par Madame Eliane Céran-Maillard, qui se battit tant pour que les femmes puissent driver en course et la 3ème génération dans le Trot du côté paternel par M. Guillaume de Bellaigue, Président de la Société d'Encouragement du Cheval Français et l'un des fondateurs de l'UET, Association des Sociétés de Courses européennes."

Dans l'élevage familial, les belles histoires de chevaux ont fleuri depuis 1856 et la naissance d'une pouliche, puis tout au long de ce siècle, Guillaume de Bellaigue étant d'ailleurs tête de liste des éleveurs au début des années 80.

"C'est le coup de foudre d'Antoine Maillard pour une première poulinière, attelée à un phaéton, qui commence l'histoire. Il lui faudra attendre 5 ans pour que son propriétaire décide enfin de s'en séparer.

Ensuite, son fils Michel sera un éleveur tout azimut. Il n'hésitera pas notamment à traverser la Manche avec une jument Cendrillon et sa pouliche Miss London. Là, ils remporteront le Concours de Modèles de Londres. De cette souche naîtra Fa Mi Sol et donc bien plus tard Ovidius Naso qui s'illustrera avec le grand driver Hervé Céran-Maillard. Et Clissa... Et Champenoise... Ensuite, par extension, Abercrombie, Camino, Rama et aujourd'hui Garda..."

La beauté Clissa, reine de Vincennes au temps de Bellino II, Casdar ou Cotentin! Il y aura également l'immense étalon Quioco "extraordinaire améliorateur, père de mères ainsi que père de pères reconnu" et les célèbres duettistes Gadamès, troisième de l'Amérique et Gamélia, gagnante du Cornulier.

Quant à l'étalon Talassius, un fils de Gamélia, il reste un symbole fort de l'élevage de Bellaigue, possédant en effet cinq mères classiques "maison" dans son pedigree.

"En 1935, mon grand-père écrivait que l'Orloff avait apporté plus que l'Américain. Près de 60 ans plus tard, Bahama lui donna raison, elle a deux fois du sang Orloff." Bahama, sublime et aérienne, une nouvelle gloire, une nouvelle jument exceptionnelle pour cet élevage qui, au bout du compte de l'an 2000, aura offert aux courses quelques unes de ses plus belles championnes.

Bahama ! Qui pourrait comprendre et analyser toutes les influences des divers apports de sang? De toutes façons, la classe elle l'avait, elle volait tellement bien... Si cela peut venir de ces trotteurs russes au développement marginal (ils sont exempts du sang de Godolphin Arabian et Darley Arabian contrairement aux lignées françaises et standardbreds)? Qui sait? Je dirai juste : Coktail Jet, le Franco-américain, lui aussi volait...

Pour ses juments, Dominique de Bellaigue recherche, contraint et forcé, et ce pour la vente, le sang américain : "Que tout le monde veuille ce sang est une catastrophe nationale. Sur mes 70 poulinières, deux ont du sang américain. Pour les quarante à cinquante poulains annuels, la stratégie est de vendre systématiquement les mâles et de conserver seulement quelques femelles pour remplacer certaines mères et conserver ainsi les lignées".

"Cet hiver, avec la génération des "G" notre sang se porte bien avec un classique Ganymède, la promesse Giessen et deux semi-classiques Garda et Glamour Jet".

Le maintien du rang du Trotteur français, son encouragement, sa reconnaissance internationale apparaissent, fils conducteurs dans le discours du Vicomte de Bellaigue

"Au sein de l'Europe, il faut préserver le stud-book français et l'universaliser. Un trotteur français né en Suède doit pouvoir toucher les primes à l'éleveur, à condition qu'il soit répertorié dans le stud-book français. Il faut conserver une race française pour nos petits enfants, ne serait-ce que pour faire du franco-américain."

Alors, Monsieur le Président, faites en des stars! Pour nos petits enfants.

Conjoncture. Le mot est lâché.
Il pèse lourd, le bougre! 4 syllabes. 11 lettres.
Comme une année qui aurait 13 lunes!
Comme un jour où Neptune, Pluton, Uranus et Jupiter, - est-ce possible?- se retrouveraient en conjoncture!
Comme un mois tranquille où il ne pleuvrait pas sur cette île sans nom entre Suritao et Mindanao!
Comme si Abo Volo, Al Capone II et Peintre Célèbre remportaient les trois grandes courses! Mais 1997 est d'une réalité superbe. La conjoncture est exceptionnelle. Les chevaux prodigieux mériteraient d'être des stars au sein de notre société.

L'immense richesse du Trot est de sortir des acteurs au style incomparable, au jeu inimitable. Il n'y eut qu'un seul Idéal du Gazeau, qu'un seul Ourasi. Aujourd'hui, de l'émouvante histoire d'Abo Volo est né un diable sorti de sa boîte, farfelu génial, lutin pas ordinaire, Défi d'Aunou.

Vincennes - nostalgie : triste phénomène de ces dix dernières années. Les meilleurs ne tiennent plus longtemps et la liste s'allonge. Depuis la retraite d'Ourasi, seuls deux tardifs ont fait carrière : Rêve d'Udon et Abo Volo (Ndlr: Abo Volo s'était blessé en début de carrière). Sinon, tous les chevaux prodigieux ont explosé : Sancho Pança, Ultra Ducal, Ténor de Baune, Vivier de Montfort, Arnaqueur (un peu plus tardivement), Buvetier d'Aunou, Coktail Jet, Dahir de Prélong (reviendra-t'il.), Ever Jet. Et Fleuron Perrine? Soit les leaders de chaque génération depuis 10 ans!

Dominique de Bellaigue : "L'Américanisation a transformé les méthodes d'entraînement en France. Désormais, après avoir été dominés par les Franco-américains, les chevaux français regagnent les Critériums et les semi-classiques pour les jeunes générations. Fréquents sont les chronos de 1'15 à 3 ans. L'entraînement a complètement changé.
Aurons nous une réserve suffisante pour remplir les courses? Ne sommes-nous pas en train de scier la branche... puisque le public a besoin de stars, puisqu'une vedette fait un appel au turfiste et parfois même au non-turfiste?"

Défi d'Aunou ne ressemble à nul autre. Autour de lui, la gravité n'est pas la même. Il flotte sur la piste, un faux air de rastahorse cuit au soleil caraïbe. Il plane... le cheval de Mars. Comme s'il était dans une autre réalité, un espace où la vitesse serait un tout petit peu décalée, un peu plus lente. Et pourtant, c'est lui qui va le plus vite!

Un champion à Vincennes se reconnaît même dans la brume, au fond de la plaine, jusqu'au bout des jumelles.

Son nez busqué rappelle des prairies gorgées de vert et sa robe devrait faire frémir tout publicitaire. Faîtes en une star et les gens viendront aux courses. Défi est le cheval de l'enfance. Il est alezan et a les crins lavés. Il enrichirait forcément les rêves des gosses. Ce cheval a quand même une autre allure qu'un héros de dessin animé japonais.

Si effectivement, les enfants et les mamans sont les bienvenus et même souhaités sur les hippodromes français, si effectivement les courses préfèrent la fête des chevaux au huis-clos, alors Défi d'Aunou est un vecteur de communication extraordinaire.

De plus, il collerait bien à la superbe pub hyper-branchée, axée sur l'action et l'excitation, la beauté et la puissance des chevaux, les intrusions et les décalages de moments magiques dans la réalité.

Vincennes, le temple, est un sacré lieu. La piste est noire. Les chevaux sont fabuleux. Les courses sont belles. La nuit, c'est magique. Dans la journée, cela flamboie. Les gens qui y viennent une première fois y reviennent.

Monsieur le Président, vous avez la plus grande audience de France, en ce qui concerne le monde du cheval. A Vincennes, des projets s'élaborent pour faire vivre ce melting-pot qui anime les halls de Vincennes. "Le Prix de Moscou sera le centre d'une journée festive russe. Soirée tropicale et journée des Provinces sont des réussites. Il faut créer l'événement."

Dominique de Bellaigue renchérit :" Il est important que l'hippodrome soit un lieu créatif et de rencontres. Contrairement à ce que certains ont pu dire un jour, les courses ont besoin du public. Les professionnels et les chevaux ordonnent un spectacle féerique. Les restaurants sont pleins. Vincennes doit être un lieu privilégié de rencontres, un lieu social et le restaurant le plus fréquenté de la ville. Il faut faire feu de tout bois".

Et Défi d'Aunou planait à l'arrivée du Prix de Bourgogne...

 

Vincent Le Roy

 

Publié dans EQUUS - Les Chevaux.

 

Et Défi d'Aunou ne fut jamais particulièrement médiatisé. Il ne remplaça aucun monstre japonais dans l'univers onirique des enfants.
Le rastahorse est désormais en 2003 l'un des tout meilleurs étalons français.

Quant au classique Ganymède, ses premiers vainqueurs (2003) sont fort nombreux.


La discussion est ouverte!...

E-mail : vince.leroy@wanadoo.fr