Le Cheval Bleu
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La Grande Aventure de Jehan Le Roy et de Garden

 

En France, courir Badminton constitue toujours aujourd'hui une aventure particulière. A l'instar, dans le monde des courses, d'une participation au Grand National à Aintree.
Pour un Français, se classer à Badminton reste encore en 1997 une performance de choix, voire un réel exploit; il suffit de consulter le palmarès général de ce grand classique pour s'en convaincre.
Jack Le Goff, qui en tant qu'entraîneur de l'Equipe U.S., allait offrir un pouvoir sans partage aux cavaliers américains pendant plus de 10 ans, fut l'un des premiers à affirmer que l'AQPS français était sans doute le meilleur cheval de Concours Complet au monde et que, d'autre part, gagner les grands steeple-chases britanniques voire le Grand National de Liverpool avec un AQPS ne relevait absolument pas du fantasme.
1987, le déclic ... Nupsala remporte le King George VI steeple-chase.
1994, l'événement ... L'AQPS The Fellow, fils d'Italic, remporte le Grand Steeple anglais, la Gold Cup de Cheltenham.
La comparaison Steeple-Chase-Concours Complet ne manque pas d'intérêt car les deux disciplines peuvent s'adresser aux mêmes acteurs.
Actuellement, des dizaines d'AQPS français logent dans les écuries des meilleurs entraîneurs britanniques. Dans le monde des courses françaises, il aura fallu longtemps pour se débarrasser d'un certain complexe d'infériorité vis à vis des Britanniques.
Le temps des pionniers semble s'être achevé...
A quand un Twist la Beige, triomphateur à Badminton !
Voilà l'histoire de deux des grands pionniers du concours complet international.

 

Garden - Jehan Le Roy

 

Le 5 novembre 1956, le jour de son anniversaire, un cavalier de concours complet Jehan Le Roy rend visite, au fond d'un herbage boueux de Normandie, à un jeune demi-sang de 6 ans nommé Garden. L'homme, qui sera également le partenaire d'Eglantine, de Calue, d'Avril, vient de rencontrer le cheval de sa vie.

C'est presque le début de l'hiver et Garden ne paie vraiment pas de mine. Il est couvert de terre et un poil dru lui enlève une bonne partie de son charme. Pas tout à fait une peinture ! Son passé de compétiteur n'est guère plus éloquent. Pourtant, solide et endurant, il multiplie les activités. Vainqueur au galop de petites courses de Société Hippique rurale, il est considéré rétif par son actuel cavalier après diverses éliminations sur les terrains de concours. Trotteur par sa mère Queenly Wilkes, il se cabre dans les brancards quand son propriétaire veut l'atteler pour la promenade. Décidément, rien ne va plus! Garden a du caractère. Il est temps pour lui de changer d'écurie...

Dans son pré, le fils du demi-sang méconnu Socrate observe Jehan Le Roy et Michel Cochenet. Un manche à balai est planté à lm 30 dans une haie. Dans le vide, non appelé. Garden prend à peine le galop. Encadré mais en liberté, l'alezan s'envoie aisément au-dessus de la barre improvisée. L'air de ne pas y toucher... L'examen est réussi ; pour 130 000 anciens francs, Garden, le paysan, part pour la ville.

1958, cela fait un peu plus d'un an que Garden promène son nez busqué de trotteur normand, du manège de Dieppe aux hêtraies des forêts normandes. Là, au coeur des grands arbres, les obus de la guerre ont dessiné de larges fossés aux pentes tapissées de feuilles.., mortes. Dans ces cratères, dont ils sautent les talus abrupts et remontent les contre-haut avec puissance, Jehan et Garden s'entendent comme deux larrons en foire. Le cheval y exprime parfaitement sa franchise et son équilibre originels. Le cavalier doit calmer ses ardeurs ; très élastique et plutôt chaud, Garden "déplace" beaucoup.

Ensemble, ils suivent les chasses à courre, sans trop s'y impliquer. Un bon exercice pour un cheval d'extérieur. Toujours pratiqué aujourd'hui notamment par la toute bonne jument de Cross-Country, Miss Noir Et Or (NDLR : future mère de Sleeping Jack, gagnant du Grand Steeple-Chase de Paris 2005).

Garden apprend la nature, la forêt, l'eau et le vent. Doté de gros moyens, il apprend à sauter n'importe quoi : du gros, de l'étrange, des barrières, des trous, et même du "pas naturel" ou du "pas du tout joli , ce truc-là". Le plus souvent au trot... Garden apprend la confiance !

Promu cheval de concours complet, il a déjà participé, l'année précédente, à plusieurs concours nationaux et a partout accumulé des classements : 2éme à Saint-Lô, 3ème à Vittel, 4ème à Compiègne et au Championnat de France. Après une "bonne rentrée", deuxième à Dieppe, le journal L'Equipe le surnomme "le cheval de fer" et lui souhaite bonne route... Cette fois-ci, cela devient très sérieux : Garden part pour Badminton.

 

Dans les années 50, le concours complet est en pleine mutation. Depuis son apparition aux Jeux Olympiques de 1912, le concours du cheval d'armes a lentement évolué de l'expression d'un art équestre militaire réservé aux écoles de cavalerie vers une discipline sportive ouverte à tous et toutes.

En 1948, le Lieutenant Chevalier triomphe, avec Aiglonne aux J.O. de Londres. Présent aux Jeux, le Duc de Beaufort, amoureux du beau sport, décide d'ouvrir son domaine pour l'organisation d'un grand concours complet : Badminton est né. L'heure du passage de témoin entre militaires et civils vient de sonner.

 

 

1958 - Garden, en route pour Badminton. "Une carrière dans le complet? Faire confiance, n'avoir peur de rien et... savoir regarder l'eau de haut, une bonne habitude à prendre en vue des futurs gués ".

 

Initiateurs de la chasse au renard et des "steeple-chases", ces fameuses courses au clocher, grands amateurs d'extérieur aimant s'éclater sur les fixes et les fossés, les cavaliers anglais vont se jeter au grand galop dans ce sport, jusqu'alors intimiste, assurant par la même sa démocratisation. Encouragé par la famille royale et suivi par des foules toujours plus importantes, Badminton devient très vite le temple du Concours complet.

L'histoire de Jehan Le Roy et Garden se trouve au point d'inflexion de cette évolution. En France, elle l'illustre parfaitement ; mieux, elle en est l'un des moteurs. Sur les terrains nationaux, des civils, de plus en plus nombreux, s'opposent, en toute convivialité, aux Officiers du cadre Noir de Saumur ou du C.N.S.E. de Fontainebleau. Pourtant, certains concours s'évertuent encore à donner des classements séparés. En 1957, Jehan Le Roy et Michel Cochenet sont les premiers civils à représenter la France sur les grands parcours anglais, en l'occurrence Harewood. Véritables pionniers, ils partent deux fleurs au "fusil", les juments Eglantine et Violette G.

L'année suivante, le Challenge du Centaure est créé pour récompenser le meilleur couple cheval-cavalier. La France suit le mouvement, le Complet se médiatise et c'est au tour de Garden de partir en Angleterre.

Rêve suprême de tout cavalier de concours complet, sacre des meilleurs, le cross de Badminton est un grand voyage qui inspire le respect. N'y participent que des chevaux de talent. Etre sans incident, refus ou chute, équivaut à réaliser un exploit. Faire le tour constitue une performance talentueuse.

Les cavaliers britanniques font peur. Comme toujours, leurs chevaux impressionnent les observateurs étrangers qui ont tendance à parler d'eux en termes de Seigneurs. Dotés d'une grande classe de galop et d'un énorme potentiel sur les plus redoutables obstacles de cross, ils étonnent aussi par leurs exceptionnelles facultés de récupération et par leur cadre souvent important pour des "purs" ou pour des chevaux très près du sang.

Selon Jack Le Goff, ce dernier point s'explique "par une ouverture du stud-book du pur-sang anglais à des juments non pur-sang, aux environs de 1900".

Badminton 58. Un des cross les plus "délicats" qu'on puisse imaginer... Après beaucoup de chutes, 150 refus et 25 éliminations ou abandons, 32 chevaux seulement, sur 62 au départ, terminent l'épreuve suivie par 50 000 spectateurs. Garden et Jehan Le Roy, malgré deux "séparations", finissent courageux 26èmes.Violette est 21ème et le major anglais Dyson s'est cassé les deux omoplates !

Il est amusant de noter que Garden, un des très rares sans-faute au concours hippique, était, semble-t'il, un des seuls à pouvoir encore "lever les pa-pattes", le lendemain du cross. Il y en a qui ont dû mal dormir pendant quelques jours.

Très gentleman, le Duc de Beaufort les remercia très sincèrement de leur venue tout en leur déclarant : "Messieurs, j'espère vous revoir l'année prochaine ... mais, s'il vous plaît, revenez avec de bons chevaux !" Décidément, les chevaux anglais et irlandais fascinent totalement et leurs fans oublient, parfois, que talent et modèle commun ne sont pas incompatibles.

Ils revinrent l'année suivante.., avec les mêmes, Garden signant une superbe onzième place. Les beaux parleurs, parieurs inélégants, commencent à regarder leurs chapeaux pour savoir par quel côté ils vont bien pouvoir les attaquer. D'autant plus que sur le continent, au cours de ces deux années 1958 et 1959, Jehan Le Roy et Garden sont vainqueurs à Sedan, Compiègne, Saint-Lô, Landau, Dieppe et Bordeaux ainsi que détenteurs du Premier Challenge du Centaure. Dans ces compétitions, Garden gagne presque toujours le cross et devance notamment des chevaux comme Farceur, Nicias ou Gulliano, Image, Espionne ou Gitan B. Au retour de Badminton 59, la grande nouvelle tombe : Garden est sélectionné dans l'Equipe de France en compagnie de trois militaires Gulliano (Pierre Durand), Nicias (Guy Lefrant) et Espionne (Jacques Landon).

C'est l'été sur l'hippodrome de Dieppe et Garden peaufine, en course, sa préparation en vue des Championnats d'Europe d'Harewood. Il ne sait déjà plus très bien ce qui s'est passé, mais une chose est sûre, il y a eu chute à la rivière des tribunes. Alors que son cavalier s'est relevé, le voilà qui cantère fièrement, la queue en panache ... dans le sens de l'écurie. "C'est vrai, non? A quoi bon suivre ses petits camarades quand un box douillet vous attend à quelques kilomètres de là. Pour cela, il suffit de sauter la lice de l'hippodrome, traverser la voie ferrée, enfin gravir à toute allure la côte de Janval. En dix minutes, on y est! Ce serait vraiment dommage de s'en priver". Garden galope désormais sur le macadam. Dans les tribunes, beaucoup ne regardent plus la course, ils retiennent leur souffle en suivant des yeux leur champion. En effet, un train arrive et la barrière vient d'être baissée. Heureusement, Garden s'arrête sagement, un passant dénoue sa cravate et adroitement attrape le cheval... Remonté, Garden finira normalement le parcours en prenant l'allocation du cinquième.

A Harewood, tout va beaucoup mieux : Jehan Le Roy et Garden franchissent l'impressionnant Devil's Dyke, le Slide Fence et l'énorme stère de bois avec allégresse. Cheval très intelligent, Garden comprend vite et devient d'expérience en expérience de plus en plus sûr de lui. Très athlétique, adroit et souple comme un félin, il compense des moyens qui ne sont peut être pas exceptionnels par un coeur énorme et un sens du terrain extraordinaire. Et puis, son cavalier le regarde avec tellement d'amour...

Dans ces Championnats d'Europe, sur les dix équipes au départ, seuls les Français et les Allemands, terminent au complet. Pour une brillante troisième place au classement général. Individuellement, Garden et Jehan Le Roy confirment leur excellent Badminton en se classant neuvièmes et meilleurs Français. Les Jeux Olympiques de Rome leur sont grand ouverts!

Jehan Le Roy est un pur amateur. A l'époque, les aides fédérales n'existent pas et comme aucun van n'est disponible, c'est dans un wagon à bestiaux que le Dieppois part en préparation olympique, en compagnie de ses deux chevaux Garden et Avril, lâchés en liberté, et ... d'un bon Bordeaux. Cheval de réserve de l'équipe de France, Avril vient de se montrer brillant à Badminton prouvant que son cavalier n'est pas celui d'un seul cheval.

 

Le podium de Rome : Australie, Suisse, France

 

J.O, de Rome, Pratoni del Vivaro. Un des cross les plus exigeants de l'histoire. Les "purs" australiens, qui viennent de gagner Badminton, explosent le chronomètre et remportent le plus beau triomphe qui soit. L'Equipe de France boucle le cross au complet et remporte une mémorable médaille de bronze. Jack Le Goff, 7ème sur Image, inaugure son incroyable aventure olympique en signant l'un des plus beaux cross. Nicias est 21ème, Garden malchanceux 23ème (on lui compte chute alors que son épaule ne touche pas le sol) et Gulliano ne passe pas la visite vétérinaire, le troisième jour. 35 concurrents sur 73 au départ terminent l'épreuve.

1961, des suites d'une erreur vétérinaire, Garden est déclaré inapte à la compétition, 1962, le cheval n'a jamais été en aussi bonne forme. La France organise son premier concours complet intemational à Fontainebleau et Jehan Le Roy réalise l'exploit en l'emportant avec Garden. Troisièmes à l'issue du dressage, ils gagnent le cross en étant l'un des deux seuls couples sans incident.

Les Anglais sont battus, notamment Captain Templer avec M'Lord Connolly et Mrs. Wykeham avec Ryebrooks, futurs premier et troisième au Championnat d'Europe, ainsi que le Suisse Bühler, troisième à Rome.

L'Année Hippique commente :" M. Jehan Le Roy, sur son très renommé Garden, a été le vainqueur du Ier Concours Complet International d'Equitation de Fontainebleau, couronnant par semblable victoire toute une suite de performances qui appelaient certes une telle consécration. Chacun s'en est réjoui pour ce grand spécialiste et son excellent cheval, qui allaient encore se signaler au Three-Day de Burghley en y obtenant le meilleur score du Team français".

Quelques semaines plus tard, au Championnat d'Europe de Burghley, les facéties d'un acrobate, cheval charismatique qui ne faisait jamais rien comme les autres...

Il n'y avait guère plus respectueux que lui, il s'était éclaté sur les plus grosses combinaisons de Rome, avait effacé les juges de paix de Badminton ou d'Harewood... Qu'il se retrouve ainsi à genoux devant la Reine d'Angleterre en une révérence, certes dévouée mais quelque peu déplacée en ce premier jour de dressage, fit arracher un cri au chef d'équipe, le Colonel Margot: ".., c'est une ronce, il a une ronce sous la queue."

Ecartelé en tréteaux, beau comme une table de jardin, Garden fixe ses juges. Heureusement, cela se passe hors du carré de dressage. La reine ébauche un sourire. L'hypothèse de la ronce, déjà presque un souvenir, rien qu'une anecdote, ne dure pas longtemps ; les chevaux ont bien sûr été ultra bichonnés pour l'événement... Mais pris dans les jambes, l'équilibriste se redresse déjà et..., il est bien...,très bien quand il entre sur le carré .., en fait, il dessine une superbe reprise qui le place troisième après le dressage des Championnats d'Europe de Burghley. Derrière deux Russes.

Le surlendemain, le couple français le plus régulier signe une nouvelle grande performance internationale comme septième au classement individuel.

Pour parachever sa préparation, Jehan Le Roy avait engagé Garden sur le redoutable ancien parcours de cross-country du Grand Steeple-Chase de Dieppe. Guy Baratoux, son jockey et ancien directeur du Haras National de Pompadour, se souvient :" Les jockeys des "purs" de Paris étaient ravis de l'aubaine. Ils espéraient bien voir Garden leur servir de maître d'école, sachant très bien que sa franchise et son expérience lui permettraient normalement d'aller au bout d'un parcours reconnu par tous comme étant très difficile et particulièrement "dérobard". Ils pensaient également qu'il leur serait ensuite facile de faire parler la classe de plat supérieure des pur-sang, une fois le dernier obstacle franchi. Au signal, ils me demandèrent de prendre la tète ; je refusais leur affirmant, et c'était vrai, que Garden pouvait tout franchir au trot s'il le fallait!

Je partis au trot. Les pur-sang prirent le galop, je restais derrière. Devant, c'était la grande débandade ; çà dérobait de partout. Finalement, nous prîmes la troisième place bien plus encouragés que le premier ou le deuxième. La région applaudissait son cheval et, à travers moi, Jehan Le Roy, dont elle admirait la qualité de véritable amateur. Pour moi, Garden fut le dernier cheval de ce niveau-là, à être monté par un non professionnel".

Lentement, l'exceptionnelle complicité du meilleur couple français faisait taire les traditionalistes qui avaient toujours critiqué l'association entre un civil, pas toujours très respectueux des ordres fédéraux, et un demi-sang, ayant beaucoup de sang trotteur. Ils avaient réussi : Garden le roturier était devenu un très grand cheval, un Seigneur.

Récemment, lors d'une consultation, des vétérinaires américains et Jack Le Goff ont étudié les modèles des meilleurs chevaux de sport de l'histoire. Selon Jack Le Goff, "trois caractéristiques morphologiques se retrouvent chez les plus grands cracks sauteurs : une tête haut perchée, plutôt relevée, sur une encolure relativement courte, une épaule droite, des jarrets très forts. Un équilibre anatomique que l'on retrouve fondamentalement dans la race trotteur".

Certes, l'exceptionnelle Queen L trotte les jambes raides, mais il suffit d'observer des chevaux comme Ourasi ou Abo Volo pour être convaincu de la puissance des trotteurs. Membres en acier, véritables marteaux écrasant les pistes les plus célèbres, le geste est similaire à celui nécessaire aux grands sauts. L'épaule droite permet l'élévation à l'opposé de celle, oblique, du pur-sang anglais faite pour aller chercher le sol le plus loin possible".

"Autre point essentiel, le trotteur est une race conçue pour la course, et façonnée par elle. Ceci signifie moral, énergie, endurance. En un mot, trempe!

Ces deux éléments mis ensemble permettent de mieux comprendre la contribution du trotteur au cheval de sport.

Dès lors, malgré certains dénigrements, il n'est pas surprenant de retrouver parmi. les sauteurs français les plus célèbres, des chevaux ayant un père ou une mère trotteur : Jappeloup, irrésistible boule de muscles noire et champion olympique à Séoul, le crack Galoubet, beau ténébreux s'il en est, et... en concours complet, deux des piliers de l'Equipe de France médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Rome, Image et Garden ! A l'étranger, nous citerons pour le plaisir l'extraordinaire Halla, championne olympique, avec sa tête expressive et son cavalier "Winkler".

Après Rome et cette fantastique année 1962, Garden, réservé pour l'Equipe, ne sort de France qu'une seuIe fois... pour se rendre à Tokyo. Rares sont les chevaux de complet à avoir participé à deux J.O.! Garden est de ceux-là même s'il ne put participer au concours hippique. Le grand "cavalier allemand Klimke écrit : " Après un bon parcours sur le cross, Jehan Le Roy fut disqualifié plus tard à cause d'une faute au départ du Steeple-chase, fort discutée d'ailleurs".
Même une délégation étrangère prit fait et cause pour le couple français, ce qui signifie certainement quelque chose
.

 

Le contrebas de Rome

 

Quelques mois plus tard, à Compiègne qu'il avait gagné deux fois, celui qui avait toujours terminé ses parcours aussi bien nationaux qu'internationaux, celui qui n'avait jamais été éliminé même sur les plus difficiles parcours du monde, s'arrêtait pour la première fois, à la réception d'un stupide obstacle. Fatalement...

La France perdait son meilleur cheval de combat, une région toute entière pleurait son cheval de légende.

Alors, ce soir, je les imagine, à nouveau réunis mais cette fois sur le grand parcours stellaire. L'un et l'autre, au grand galop... Se parlant, sautant le Devil's Dyke d'Harewood, puis le stère de bois de Burghley, s'éclatant sur le gros contrebas de Rome, "tu sais, la photo accrochée, au mur, à la maison..."

Et je sais qu'un jour, un "G" naîtra dans notre famille et qu'il s'appellera Garden.

 

Vincent Le Roy

 

Publié dans le Numéro 17 de la revue EQUUS-Les Chevaux

Contact auteur : vince.leroy@wanadoo.fr