Le Cheval Bleu
Magazine Internet du Cheval de Sang
Sommaire  Sommaire Equus-Les Chevaux

 

 

Le cheval barbe

 

 

 cbarbe.jpg

El Ouassal, fils de Ouassal, étalon barbe offert au
Président Giscard d'Estaing par le Président Boumédienne

 

Le cheval Barbe a joué un rôle important en Europe occidentale, tout spécialement en Angleterre à partir du XVI siècle.

C'est à Henri VIII, le contemporain de François 1er et de Charles Quint, que le Prince de Mantoue offrit plusieurs juments de cette race qui furent mises à la reproduction au Haras d'Eltham.

Les cours européennes utilisaient des chevaux napolitains et andalous qui se prêtaient bien au dressage. Le Barbe cheval d'extérieur par nature, se révéla capable de les concurrencer sur leurs propres terrains, tant son équilibre naturel était bon. Aussi Henri VIII, puis ses successeurs, multiplièrent-ils ce cheval dans les îles Britanniques.


En France
, c'est à propos du roi Henri III que l'on cite pour la première fois, au plus haut niveau, le cheval barbe. Cest en effet sur un Barbe qu'il quitta Cracovie, ou il était alors roi de Pologne, pour regagner Paris, lorsque la mort de son frère Charles IX, en 1574, lui laissa le trône de France.

Mais Henri IV va être le premier souverain Français à s'intéresser vraiment aux chevaux barbes et à leur élevage.

 

 

Antoine de Pluvinel, Grand Ecuyer du Roi avait découvert cette race en Italie et l'avait introduite dans les écuries du roi : il employait plusieurs Barbes dans son Académie Equestre, et c'est sur un Barbe appelé "le Bonnitte" qu'il fit faire au dauphin, le futur Louis XIII, son éducation équestre.

Dans "Le Manège Royal", dont il était l'auteur, plusieurs gravures représentent "le Bonnitte". Le Grand Ecuyer en parlait en ces termes: " c'est le cheval le mieux dressé de la chrétienté, et il est le parangon de tous les chevaux de manège du monde, tant par sa beauté, que pour aller parfaitement, de bonne grâce, jusque terre à terre et à courbettes.

On lui trouve beaucoup de nerf, de légèreté et d'haleine ; il réussit parfaitement aux allures relevées et dure longtemps. A n'en point douter, le fameux "cheval blanc" qu'Henri IV montait dans les grandes occasions, était un Barbe !"

 

 cbarbe1.jpg

Le Barbe du roi Louis XIII


En Angleterre, Olivier Cromwell, bien qu'opposé aux courses, pratiquait l'élevage, et possédait des juments Barbes qu'il faisait couvrir par l'étalon du Général Fairfax, le fameux "Marocco Barb". En 1650, après le rétablissement de la monarchie, Charles II envoya ses écuyers acheter d'autres juments orientales : ce sont les fameuses "Royale Mares et Barb Mares".

 

 

 cbarbe2.jpg

El Ouassal

 

Le Barbe continue, par ailleurs, à alimenter les écoles d'équitation. Le duc de Newcastle, le célèbre auteur de la "Méthode Nouvelle et Invention Extraordinaire de dresser les chevaux" exprime toute l'estime qu'il porte à cette race : il nous dit que le barbe est son cheval préféré, il lui donne cette préférence "pour le modèle, la force, son naturel agréable et sa docilité".

En France, sous Louis XIV de nombreuses juments Barbes achetées à Moulay Ismaïl sont mises à la reproduction au Haras royal de Saint Léger en Yvelines. Jacques II, roi d'Angleterre, poursuit la politique de son frère Charles II , et achète à Monsieur Curwen deux étalons Barbes que le sultan du Maroc avait offerts à Louis XIV, et dont avait hérité son fils légitime, le Comte de Toulouse : il s'agit de "Curwen Bay Barb" et de "Toulouse Barb."

 


En 1731, le Bey de Tunis offre au jeune roi Louis XV, huit étalons Barbes; celui-ci ne s'intéresse qu'aux chevaux ramassés et près de terre qu'on appelle des courtauds, il se sépare de "Scham", étalon bai, à l'encolure puissante, qui après beaucoup de vicissitudes sera acheté par Lord Godolphin ; il deviendra "Godolphin Barb" et produira avec l'excellente "Roxana" une extraordinaire descendance dont un des meilleurs chevaux de courses : "Lath" . Naîtront ensuite, du même père, "Cade", "Regulus" et bien d'autres.

 

cbarbe3.jpg

Fantasia en Jordanie.

 

Ce sont les qualités foncières des Barbes qui, grâce à une sélection sévère par l'épreuve sportive, ont permis aux Anglais de fabriquer le Pur Sang Anglais. Les pédigrées de "Matchem", "Herod" et "Eclipse" en apportent la preuve.

A la fin du XVIIIe siècle, le cheval Barbe, tout en gardant en France une place importante, commence à être concurrencé par l'Arabe.

Le Barbe n'est pas en soi contesté ; dans son "Histoire du Cheval" le grand hippologue que fut Ephrem Houel en parle en ces termes : "Le Cheval Barbe a plus de taille que l'Arabe, il a la tête un peu plus longue. Sa poitrine est magnifique, ses membres sont forts et nerveux, son ensemble est merveilleux de grâce et d'élégance. Il a le pied sûr, la course rapide et se plie néanmoins facilement aux travaux les plus compliqués du manège. "

Quelques années plus tard, le Général Daumas, écrivait dans son admirable ouvrage "Les Chevaux du Sahara": "Si le Barbe n'a pas les contours arrondis, l'harmonieuse beauté, l'élégance plastique du cheval arabe, on peut dire que ses lignes arrêtées et vigoureuses révèlent d'indiscutables qualités. "

Le cheval Barbe mérite mieux peut-être que le cheval arabe qu'on lui applique ces fières et célèbres paroles : "Il peut la faim, il peut la soif ! "

Ces qualités, le Barbe les a montrées en Crimée, au Mexique et dans toutes les actions militaires où il a été engagé jusqu'à Monte Cassino lors de la dernière guerre.

 

Caroline Elgosi

 

Publié dans le Numéro 25 de la revue EQUUS-Les Chevaux