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Le Cadre Noir de Saumur

"Le culte de la tradition n'exclut pas l'amour du progrès"
Colonel Danloux, écuyer en chef de 1929 à 1933

 

A la fin du XVIème Siècle, le roi Henri IV confie à son ami Duplessis-Mornay le poste de Saumur pour y fonder une Université Protestante. Au sein de cette université, une académie d'équitation est créée puis dirigée par Monsieur de Saint-Vual. Monsieur de Saint-Vual fut formé à l'Académie Catholique d'Angers selon les principes d'Antoine de Pluvinel, lui-même premier écuyer du Duc d'Anjou, futur Henri III. L'existence de cette académie fut de courte durée puisqu'elle fut fermée à la révocation de l'Edit de Nantes. En 1763, le roi Louis XV confie au Duc de Choiseul la réorganisation totale de la Cavalerie Française. C'est pourquoi "La plus belle Ecole du Monde" fut construite sur le Chardonnet pour accueillir les officiers de tous les régiments de Cavalerie. Elle était gérée et encadrée par le Corps Royal des Carabiniers et fonctionnera jusqu'en 1788, veille de la Révolution.

 

Les origines du Cadre Noir

 

De 1789 à 1814, on n'eut pas le temps de pratiquer l'art équestre, et l'Ecole Nationale d'Equitation de Versailles à laquelle succéda l'Ecole d'Instruction des Troupes à Cheval, puis l'Ecole Militaire Spéciale de Cavalerie à Saint-Germain furent des institutions éphémères.

L'Ecole de Cavalerie devait être à Saumur... Dès la veille de Noël 1814, le roi Louis XVIII crée à Saumur "l'Ecole d'Instruction des Troupes à cheval". Elle ne fonctionnera véritablement que de 1816 à 1822. Elle fut rétablie par ordonnance du 11 novembre 1824 par le Roi Charles X sous le nom d'Ecole Royale de Cavalerie. Elle comprenait un manège militaire et un manège d'académie dans lesquels on enseignait les principes d'équitation militaire. Les airs relevés y étaient officiellement pratiqués.

En 1828, au premier Carrousel, les cadres présentèrent les reprises de Sauteurs et d'Instructeurs. Ces derniers étaient coiffés de l'actuel "Chapeau de Manège", mais la tenue n'était pas noire. Elle le deviendra sous le règne de Louis-Philippe.

Le Cadre Noir était né tel que nous le connaissons actuellement et sera, jusqu'à un passé récent, le cadre des instructeurs d'équitation de l'Ecole de Cavalerie devenue l'Ecole d'Application de l'Arme Blindée et de Cavalerie.

 

 

 

En 1972, l'Ecole Nationale d'Equitation est créée par décret et se constitue autour du Cadre Noir, corps de dresseurs et de formateurs qui privilégie l'Etude et l'Enseignement de Haute Ecole. Ceux-ci assurent ainsi la conservation de la tradition de l'Equitation à la "Francaise".

 

L'Ecole Nationale d'Equitation

Cette école placée sous la tutelle du Ministère de la Jeunesse et des Sports a pour vocation essentielle la formation des cadres supérieurs de l'Equitation. Ainsi cavaliers ou enseignants professionnels, français ou étrangers, viennent à Saumur pour y recevoir l'enseignement nécessaire à l'exercice de leur métier d'animateur, et de formateur ou de compétiteur. L'ENE est un établissement public, disposant de l'autonomie financière, agissant en liaison constante avec la Fédération Française d'Equitation, mais également avec quelques universités et notamment celle d'Angers proposant ainsi un éventail de cours et de stages adaptés. Afin d'assurer la plénitude de ces missions, l'Ecole Nationale d'Equitation est aidée par le Ministère de la Défense qui met à la disposition de l'Ecole un certain nombre d'officiers et de sous-officiers issus des Sports Equestres Militaires. Le Service des Haras Nationaux, des Courses et de l'Equitation du Ministère de l'Agriculture apporte quant à lui, une aide finançière pour l'achat des chevaux issus de l'élevage français.

 

 

Construite en plusieurs étapes, l'Ecole est implantée sur deux grands terrains totalisant trois cents hectares : le terrain de Terrefort où est implanté l'ensemble des bâtiments, le terrain de Verrie qui accueille essentiellement des compétitions de niveau national ou international et des courses hippiques. Plus de deux cents personnes travaillent à l'école dont quarante-cinq enseignants. Vingt-quatre d'entre eux portent la tunique noire et perpétuent la tradition équestre française à l'occasion des présentations organisées en France, en Europe et même parfois au-delà. Quatre cents chevaux sont hébergés. Les cavaliers disposent de six manèges et de quinze carrières olympiques et près de cinquante kilomètres de pistes amenagées.

 

L'Equitation Académique

L'équitation Académique se propose de rendre au cheval monté la grâce des attitudes et des mouvements qu'il avait naturellement en liberté. Pour cela, elle soumet le cheval aux leçons progressives d'une gymnastique qui lui permettra d'acquérir un équilibre de plus en plus perfectionné avec une énergie de plus en plus développée et maîtrisée. Issue de la Renaissance Italienne, l'Equitation Académique, appellation moderne de l'Equitation d'Ecole, s'épanouit au XVIIIème siècle dans les Ecoles de Versailles et de Vienne.

 

 

 

 

En 1814, à la création de l'Ecole de Saumur, les écuyers du Manège Académique se réclamèrent immédiatement de la tradition de Versailles. Plus tard, le Général L'Hotte enrichissait la tradition française et lui donnait un style qui fait son originalité.

Dans le travail de Basse Ecole, le cheval est exercé dans toutes les allures naturelles amenées au plus haut degré de régularité. Dans la Haute Ecole, par la conquête du rassemblé et de l'impulsion, les allures prennent la forme stylisée dite "d'Ecole". Leur transformation conduit aux airs relevés.

La valeur de l'Equitation Académique ou Artistique se trouve moins dans l'aspect spectaculaire des mouvements que dans la parfaite légéreté de l'exécution. Le cheval est léger lorsqu'il obéit aux plus discrètes indications de l'écuyer .

 

Les Sauts d'Ecole

Apparus sous la Renaissance Italienne, les "Sauts d'Ecole" servaient à orner les chorégraphies des carrousels. Ils permettaient de prouver la valeur et la solidité des cavaliers en selle. La courbette et la croupade ont été conservées dans un style propre à Saumur. La cabriole conserve son style classique. C'est au XIXème siècle que "le travail à la main" s'ajoute à l'emploi des piliers pour le dressage des sauteurs.

 

 

 

Le Cadre Noir

Responsable du Cadre Noir, l'écuyer en Chef est le garant de l'éthique de ce corps de cavaliers plutôt spécialisés dans l'enseignement et la pratique de "L'Equitation d'Ecole". Veillant à la qualité de l'enseignement dispensé à l'Ecole et encourageant la participation à la compétition, moyen d'évaluation privilégié des cavaliers et des chevaux, il règle avec le metteur en scène les présentations du Cadre Noir et dirige les célèbres" reprises des sauteurs en liberté et de manège" par lequel le Cadre Noir exprime ses conceptions depuis 1828.

Au sein de l'Ecole Nationale d'Equitation, le Cadre Noir perpétue ses missions de formation et de dressage. Par les présentations et son enseignement, il exprime ses conceptions équestres au-delà de nos frontières et contribue au rayonnement de l'équitation française.

 

Les soirées de Bercy

Le Cadre Noir se présentait jadis à huis clos au profit d'un public d'initiés. En 1992, pour le 20ème anniversaire de l'école, les écuyers ont montré leur savoir-faire au Palais Omnisports de Paris-Bercy devant plus de 40 000 spectateurs. Dans ce lieu magique les 6, 7 et 8 octobre 1995, Jean Claude Darmon crée une nouvelle fois l'événement : le metteur en scène, Olivier Panhuys, associera la rigueur et la sobriété des évolutions des écuyers aux fastes des éclairages signès Jacques Rouveyrolis, au talent de l'Orchestre Symphonique Français et au charme de la chanteuse Julia Migenes.

 

 


Christian Cambo, Directeur de l'E. N. E.

Photos : A. Laurioux


Publié dans le numéro 19 d'EQUUS
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